Restauration écologique de La Hante à Cousolre (59)

Sur la Hante, la continuité écologique était altérée par plusieurs ouvrages transversaux tel que le moulin du Cataya à Cousolre (59). Aux vues de la vétusté, de la dangerosité et de l’enjeu écologique que présente cet ouvrage, la Fédération du Nord pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique avait pour projet de restaurer cet obstacle. Ces travaux ont eu pour objet de rendre l’ouvrage transparent tout en assurant une servitude de passage d’une rive à l’autre.

Restauration écologique : Contexte

Figure 1 : Localisation du contexte Hante, et du seuil du moulin du Cataya (Source : FD59)

La Hante (FRB2R60) est un cours d’eau franco-belge, classé en Liste 1 d’après l’article L.214-17 du Code de l’Environnement, introduit par la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques de décembre 2006. L’objet de cette liste est de contribuer à l’objectif de non-dégradation des milieux aquatiques. Ainsi sur les cours d’eau ou tronçons figurant dans cette liste, aucune autorisation ou concession ne peut être accordée pour la construction de nouveaux ouvrages s’ils constituent un obstacle à la continuité écologique.

Par ailleurs le Plan Départemental de Protection des milieux aquatiques et de Gestion des ressources piscicoles, établi en 2005 et en cours de révision, intègre la Hante au sein d’un contexte salmonicole peu perturbé, dont l’espèce repère est la truite fario.

Aux vues de son potentiel écologique, la Fédération du Nord pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique souhaite préserver et restaurer écologiquement ce cours d’eau en menant des projets de renaturation et en particulier des projets de rétablissement de la continuité écologique. Les espèces piscicoles patrimoniales telles que la Lamproie de Planer, le Chabot, la Truite fario, ou bien encore l’Anguille, présentes au sein même de ce contexte, sont très sensibles à la présence d’obstacles à l’écoulement.

En 2020, la Fédération est intervenue sur l’ouvrage de la scierie à Bousignies-sur-Roc et souhaite poursuivre la restauration de la Hante avec l’ouvrage du moulin du Cataya situé à Cousolre.

Le seuil du moulin du Cataya a été créé entre 1828 et 1902 et servait à l’alimentation en eau d’un ancien moulin. Ce seuil, implanté dans le lit de la rivière, est infranchissable à la continuité écologique et sédimentaire de la Hante. Il est d’ailleurs référencé au numéro ROE 33831, et présente plusieurs impacts négatifs sur le milieu : l’accumulation des embâcles, l’influence sur la qualité physico-chimique et morphologique du cours d’eau la perturbation du transit sédimentaire et piscicole.

Parallèlement au projet de restauration, la Fédération de Pêche du Nord a mené une étude malacole sur une espèce protégée et identifiée sur le contexte de la Hante afin d’éviter l’éventuelle destruction de cette dernière pendant la phase de travaux : la mulette épaisse (Unio crassus)

Le bureau d’étude PEMA a donc été missionné pour effectuer des recensements de l’espèce au sein de la zone de travaux au préalable du démarrage du chantier. Aucun individu vivant de mulette épaisse n’a été retrouvé sur le site du Cataya.

Ainsi en septembre 2020, la Fédération de Pêche du Nord a mené la maîtrise d’ouvrage des travaux de restauration. Les travaux ont débuté le 20 septembre 2021 et ont duré environ 3 semaines.

Ils ont été réalisés par l’entreprise Hydram pour un coût total de 51 699,36 euros TTC.

Nos partenaires techniques et financiers :

Agence de l’Eau Artois-Picardie : 70 %

La Région Hauts-de-France : 24,55 %

La Communauté d’Agglomération Maubeuge Val de Sambre : 5,45 %

Figure 2 : Pêche de sauvetage de la mulette épaisse sur la Hante (Source : FD59)

Description des travaux de restauration

Au préalable des travaux, une pêche de sauvetage a été réalisée par la Fédération de Pêche du Nord au droit de l’ouvrage. Au total, une vingtaine de truite fario, ainsi que des chabots, vairons, loches franche etc. ont été récupérés, puis relâchés en dehors de la zone de travaux en aval, sur la commune de Bousignies-sur-Roc.

Figure 3 : Pêche de sauvetage sur la Hante avant travaux et remise à l’eau de truite fario en dehors de la zone de travaux

L’entreprise a commencé le chantier par de légers travaux forestiers centrés principalement sur de l’élagage et de l’abattage, et par la création d’une plateforme en berge permettant aux engins d’accéder facilement à l’ouvrage.

Afin de limiter un départ trop important de MES, l’entreprise a installé des ballots de paille en aval du chantier.

Les jambages de l’ouvrage ainsi que les éléments métalliques constituant les vannes ont été démantelées. Les pierres issues des jambages du pont ont été concassées et remises dans la fosse. Les culées de pont ont été conservées et consolidées par des pierres en amont de l’ouvrage. Le radier du pont est conservé mais une échancrure d’environ 2m a été creusée au centre du radier rendant possible la circulation par les espèces piscicoles.

Le mur en rive droite a été reconstruit avec les pierres présentes directement sur le site.

Enfin, une nouvelle passerelle pouvant supporter un tonnage de 12T a été installée.

Une dizaine de blocs ont été rajoutés dans le cours d’eau en amont et en aval offrant ainsi au cours d’eau :

  • Diversité des écoulements ;
  • Habitats piscicoles ;
  • Perchoir pour le cingle plongeur

Enfin l’entreprise a procédé à des travaux de remise en état du site, et l’ensemencement des berges a été réalisée.

Effets sur le milieu

Les travaux ont permis de rendre libre le transit piscicole et sédimentaire sur environ 7 km de cours d’eau (du dernier ouvrage situé le plus en amont, à Beaumont en Belgique, jusqu’au seuil du Pont Bruyant à Bousignies-sur-Roc). Ainsi les zones favorables à la reproduction des espèces piscicoles présentes, et notamment de la truite fario, situées plus en amont, sont dorénavant accessibles. Par ailleurs l’espèce Anguille, présente dans ce cours d’eau pourra accéder plus facilement à des zones de croissance.

La restauration de la continuité écologique au sein du moulin du Cataya est également bénéfique à la mulette épaisse qui pourra, transiter le long de ce cours d’eau, et pourquoi pas, revenir s’établir sur le site du moulin du Cataya.

Ces travaux ont également permis de reconstituer des habitats piscicoles mais aussi des habitats pour l’avifaune et pour les chiroptères déjà présents sur le site : perchoirs pour le cingle plongeur et nichoirs installés sous la passerelle pour les chauves-souris.

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