Pourquoi cette étude ?

L’Yser est un fleuve qui prend sa source dans les hautes plaines des Flandres françaises et qui se jette dans la mer du Nord en Belgique à Nieuwpoort. Il traverse la France sur 46 km et avec un dénivelé de 27 mètres seulement.

Concernant la lamproie fluviatile, sa présence est avérée en aval de l’Yser en Belgique, mais l’espèce n’a pas encore été détectée en sur ce bassin côté Français.

C’est pourquoi depuis 2019, la Fédération met en place divers protocoles afin de rechercher l’espèce sur notre territoire. Il est très difficile de détecter la présence de la lamproie, car leur période de ponte est très brève et la pêche électrique est peu efficace sur les ammocètes (larve de lamproie).

  • Suivi thermique → 2019-2021
  • L’ADNe → 2021
  • Recensement des frayères et des lits d’ammocètes potentiels → 2021
  • Prélèvement des larves → 2021

Lamproie Fluviatile : Qu'est-ce que c'est ?

La lamproie fluviatile (Lampetra fluviatilis) appartient à la famille des Petromyzonidés. C’est un vertébré aquatique primaire. Les lamproies ne sont pas des poissons, mais des agnathes.

Le corps des lamproies est serpentiforme et dépourvu d’écailles. Son dos est sombre, ses flancs jaunâtres et son ventre blanc. Sa bouche est en forme de ventouse, appelée disque buccal, et est remplie de dents (cf. photo ci-dessous).

Figure 1 : Lamproie fluviatile, lamproie de rivière Lampetra fluviatilis, Petromyzontidae, Agnathes (Hamois, Condroz, Province de Namur, Belgique – 20/11/1992 – Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).

La lamproie fluviatile est une espèce migratrice. Les adultes entrent dans les eaux douces en automne pour s’y reproduire au printemps. Après l’éclosion, les larves « ammocètes » s’enfouissent dans les sédiments pendant plusieurs années. Passé ce stade, elles se métamorphosent et migrent vers la mer de mars à juin.

Figure 2 : Cycle biologique de la Lamproie fluviatile (source : MRM)

Cette espèce « grand migrateur » est menacée de disparition. Ainsi la lamproie fluviatile est classée comme « espèce vulnérable » selon la liste rouge nationale de l’UICN.

Les principales menaces concernent :

  • L’interruption des axes de migration avec la présence des barrages,
  • La dégradation générale de la qualité de l’eau et des habitats avec notamment une modification de la structure et de la fonctionnalité des habitats de reproduction (dragage, rectification…) et des lits d’ammocètes (pollution des sédiments par les métaux lourds et les polluants organiques persistants).

Figure 3 : Aire de répartition de la lamproie fluviatile en 2013 (Source : PLAGEPOMI 2015-2020)

ADN Environnementale : une présence dans l'Yser bien mystérieuse

Les études réalisées précédemment ont montré une meilleure détectabilité des espèces par l’ADN environnemental (ADNe) que par les inventaires classiques. De plus, les approches ADNe sont non‐invasives et permettent d’éviter des perturbations de l’écosystème ou des espèces.

L’ADN environnemental (ADNe) est défini comme l’ADN pouvant être extrait à partir d’échantillons environnementaux tels que le sol, l’eau ou l’air, sans avoir besoin d’isoler au préalable des individus cibles. Il est caractérisé par un mélange complexe d’ADN provenant de différents organismes. Il peut être libéré par ces organismes dans l’environnement sous forme de fèces, poils, urine, peau, gamètes, etc., et peut se trouver sous forme intracellulaire (contenu dans des cellules vivantes) ou extracellulaire.

Une approche multispécifique (expertises VigiDNA® M) a été choisie par nos soins. Elle vise à évaluer la biodiversité d’un milieu en identifiant la liste des organismes vivants dans le site échantillonné, sans a priori, grâce à l’utilisation de couples d’amorces universels.

Cette méthode précise et non intrusive permet de détecter aussi bien les espèces communes que les espèces rares ou discrètes (Spygen, 2016).

Figure 4 : Prélèvement d’ADNe (Source : FD59)

Les meilleures chances de détection de l’espèce sont pendant les périodes d’activité de celles-ci. Autrement dit pendant sa période de reproduction (avril à juin).

Ainsi nous avons réalisé les prélèvements en avril-mai 2021 pendant la période de reproduction de la lamproie fluviatile sur 10 stations espacées d’environ 2km, sur l’aval de l’Yser (5) et l’Eye becque (5).. Nous avons utilisé le protocole pour les milieux aquatiques courants.

Figure 6 : Localisation des stations ADNe 2021 sur l’Yser

À ce jour, nous n’avons pas encore obtenu tous les éléments nécessaires pour clôturer cette étude. Les résultats définitifs ne seront disponibles qu’en fin d’année. Aucune présence visuelle de la Lamproie Fluviatile n’a été détecté sur l’Yser. Affaire à suivre…