Conséquences de la sécheresse sur les milieux

La France connait actuellement une période de sècheresse inédite et particulièrement intense. Ces épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents et débutent de plus en plus tôt chaque année. La baisse des niveaux d’eau a de multiples impacts sur les milieux aquatiques. La biodiversité, directement touchée par les assèchements sévères, souffre particulièrement de la détérioration de la qualité de l’eau.

Les déficits pluviométriques ont atteint, cette année, des records dans le département du Nord. Les débits des cours d’eau et les milieux naturels sont fortement impactés par les faibles précipitations ainsi que les températures élevées.

Depuis le 12 mai 2022, le département du Nord fait l’objet de mesures progressives de restriction de l’usage de l’eau, pour faire face aux périodes d’insuffisance de la ressource en eau. Aussi l’arrêté préfectoral du 11 août 2022 plaçant le bassin versant de l’Yser en crise sécheresse, celui de la Scarpe aval en alerte renforcée sécheresse, et les autres bassins versants du département du Nord en alerte sécheresse, est prorogé jusqu’au 30 novembre 2022.

Figure 1 : Exemple sur La Rhonelle en étiage sévère

Une altération de la qualité de l’eau et de la végétation

La baisse des niveaux d’eau favorise également l’augmentation de la température de l’eau, avec des conséquences directes sur la qualité physico-chimique de l’eau. Par exemple à chaque fois que la température augmente, la quantité d’oxygène dissous diminue. Aussi, dans la mesure où les rejets dans les milieux interviennent toute l’année, indépendamment d’épisodes de sécheresse, la baisse des débits conduit souvent à une moindre dilution et une évacuation plus limitée des substances rejetées, augmentant ainsi leur concentration dans certaines portions de cours d’eau, et entraînant une altération de la qualité de l’eau.

 

La biodiversité est donc directement impactée par cette dégradation de la qualité de l’eau : diminution de l’activité des poissons suite à l’élévation de la température, développement plus important d’algues microscopiques, épisodes d’asphyxie, etc.

Les étiages peuvent avoir pour conséquence de modifier la végétation dans les milieux aquatiques : la baisse des niveaux peut conduire au développement rapide de certaines espèces, alors que d’autres espèces peuvent disparaître de manière plus ou moins prolongée. Le réchauffement de l’eau accentue le risque d’eutrophisation.

 

Autre aspect des phénomènes associé à la sécheresse : l’impact sanitaire. Les proliférations d’algues sont susceptibles de conduire à des rejets de gaz toxiques, rendant dangereuse la pratique de la baignade ou d’activités au contact de l’eau telle que la pêche.

 

Il est donc évident de dire que la dégradation de la qualité de l’eau impacte tous les usages de l’eau et des milieux aquatiques.

Figure 2 : Cyanobactéries

Figure 3 : Prolifération des lentilles d’eau

Conclusion

Le département du Nord a subi d’importants aménagements de son territoire, du fait de son histoire industrielle et ses activités économiques (Mission Bassin Minier Nord-Pas-de-Calais). Les cours d’eau ont fait l’objet de modifications hydromorphologiques, plus ou moins importantes, jusqu’à une disparition totale du tracé dans les cas les plus extrêmes. Il y a d’ailleurs une perte significative des cours d’eau dans le Nord depuis 1950. Les périodes de sécheresse de plus en plus récurrentes et sévères, limitent le maintien en eau des secteurs de source, qui sont pourtant primordiales pour les espèces piscicoles.

Nos cours d’eau sont donc en période de crise avec une disparité sur le département. L’Yser et la Scarpe sont les bassins les plus marqués à ce jour mais le reste du département va suivre. Nous serons donc amenés à mettre des dispositions en place. A titre d’exemple, nos services sont intervenus afin de réaliser une pêche de sauvetage sur un affluent de l’Helpe Majeure en aout 2022. Une surveillance plus accrue des cours d’eau sera également nécessaire, tout en définissant les potentielles futures disparitions de cours d’eau suite aux sècheresses. Il faudra également avertir la DDTM sur les cours d’eau disparus et comparer les données avec le réseau ONDE (Observatoire National Des Étiages). Au vu de la situation actuelle, chaque consommateur d’eau est invité à être particulièrement attentif à l’utilisation de cette ressource et au respect des mesures de restriction qui feront l’objet de contrôles sur tous les territoires concernés.